Comment donner des couleurs à ma musique (inspiré de la méthode de Bob MOSES)

L'art du batteurPour le violoniste que je suis, les batteurs sont des OVNI :
J’ai en effet l’impression qu’ils ont un sens du rythme et une indépendance que je n’aurai jamais !
Pourtant, j’ai compris que même si je n’arriverai pas à leur niveau, ces qualités s’acquièrent et se travaillent.

J’ai choisi de vous résumer ici la méthode « DRUM WISDOM » du grand batteur Bob Moses, car elle comporte de nombreux éléments que j’ai déjà commencé à appliquer directement … au violon !

Je vous propose pour cela deux articles

  • Le premier article que voilà résume la première partie de la méthode, et illustre ensuite la manière dont je l’exploite. La video en fin d’article met en scène mon ami Jean Marie, un super guitariste, qui vous montrera comment s’imprégner facilement de cette méthode.
  • Le deuxième article illustrera la deuxième partie de la méthode avec des exemples donnés par Bob MOSES lui même.

Résumé

Je vous ai déjà présenté la méthode O Passo, qui est d’une très grande aide pour arriver à jouer et placer avec une grande précision les différentes rythmes que l’on peut rencontrer dans notre musique occidentale.

Ce que je vais vous présenter ici est pour moi un complément extrêmement utile.

En effet, la méthode de Bob Moses aborde le rythme sous un angle très différent et complémentaire.

Son principe essentiel est que selon l’endroit de la mesure où la note est jouée, elle va donner au musicien et à l’auditeur un ressenti très différent : la mêmpour les battuers, et les musiciens en général, e note jouée sur le premier temps ou sur le « e » du 2eme temps donnera des sensations forts différentes.
Bob Moses nous propose grâce à sa grande expérience une approche systématique pour comprendre et s’imprégner des différents ressentis selon l’endroit de la mesure ou nous jouons la note.

Ensuite, partant de l’idée que la musique est un art de la communication, avec laquelle l’artiste qui joue s’exprime, Bob Moses souhaite dans sa méthode nous proposer des clés pour nous aider à libérer cette expression : il fait l’analogie de sa méthode avec un cahier de dessin que chacun peut colorier avec les couleurs de son choix, comme le ferait un peintre !

Jolie analogie non ??

 

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La méthode «  »DRUM WISDOM »

traduite en français par « l’art du batteur »

On peut se procurer la méthode en anglais sous format pdf sur certains sites
Il parait que la traduction française est disponible aux éditions Henry Lemoine … je ne l’ai pas trouvée en passant par le WEB.

Voici les principaux conseils de Bob Moses aux batteurs, et à tous les musiciens de manière générale, qui sont d’après lui valables en toute circonstance.

L’attitude

Chaque musicien devrait jouer en ayant à l’esprit une intention, une idée musicale qu’il souhaite communiquer aux auditeurs. Pour mettre toute son énergie, sa sensibilité, sa force, sa sensualité dans sa musique, il faut en effet savoir quelle message on veut communiquer.
Le plus important est de ne jouer qu’une idée, de la développer, l’explorer et d’en tirer le maximum :
Il ne faut donc changer que lorsqu’on a l’impression d’avoir fait le tour de la question, et que tout ce qu’on pourrait alors exprimer deviendrait redondant; Il ne faut vraiment pas passer d’une idée à une autre avant d’avoir épuisé la première.

Bob Moses exprime que pour lui, l‘unique but qu’il a en jouant est de groover, et que la créativité n’est pas un but pour lui. En effet, qui dit groove dit forcément répétition.

Enfin, il préconise de toujours s’entrainer en faisant vraiment de la musique, et pas en faisant des exercices mécaniquement : il est pour cela nécessaire de toujours intégrer tous les aspects de la musique (mélodie, harmonie, rythme) lorsque l’on produit un acte musical, même à l’entrainement !

L’écoute intérieure

Il existe toujours une différence entre ce qu’on entend à l’intérieur de soi même, ce qu’on voudrait jouer et ce qu’on joue vraiment : comme il y toujours une différence entre ce qu’on pense et qu’on exprime en parlant.

Une chose importante est d’être conscient que, comme pour la construction d’une maison, il y a les fondations et la décoration. Et si les fondations ne sont pas ce qu’on remarque le plus en visitant une maison, elles doivent cependant toujours être bien conçues et bien réalisées.
En musique, les fondations sont données par la rythmique et la basse.

Et on doit donc toujours, en tant que musicien, entendre intérieurement ces 2 éléments très clairement.

Lorsqu’on joue avec d’autres musiciens, on ne peut pas toujours tout écouter, mais on doit toujours être très à l’écoute de ces deux aspects au moins.

Et c’est d’autant plus important si la mélodie est complexe, qu’elle devient plus abstraite, moins collée à la structure des mesures, moins mélodique, … : dans ces cas là, elle nous entraine hors de notre idée de base, et c’est là qu’il faut absolument rester concentré sur les fondations : il ne faut pas écouter la musique « externe », celle qu’écoute les auditeurs, mais rester concentrer sur sa musique « interne », qui doit renforcer la rôle des fondations.

Que peut on jouer ?

Même si on peut jouer une infinité d’idées musicales, Bob Moses les classe dans un premier temps en 3 catégories (*). L’important pour jouer le rythme d’un morceau est de choisir l’une de ces catégories et de s’y tenir en l’explorant à fond. Ces trois catégories sont :
1- une mélodie
2- un vamp (une boucle)
3- un point de résolution

(*) on peut aussi : jouer sur une image, une couleur, un poème, …

=> Jouer une mélodie consiste à suivre rythmiquement la mélodie, c’est alors elle qui donne les fondements de notre idée musicale. Dans ce cas, le jeu interne et le jeu externe sont les mêmes.
Et donc lorsqu’un des musiciens commence un solo, le batteur peut – et doit – continuer sur le rythme de la mélodie qui est le garant de la structure du morceau.

=> Jouer sur un vamp, par exemple une clave, consiste à utiliser sans fin un motif rythmique. Ceci est très courant dans bien des musiques : latines, funk, musiques modales,….

=> Jouer un point de résolution est l’objet décrit dans la suite de la méthode.

Le canon pour groover

Conseil de Bob Moses lorsqu’on utilise la 2ème catégorie
Lorsqu’on joue sur des boucles, pour éviter de « tourner en rond », de lasser l’auditeur par exemple avec une boucle, et pour garder toujours une part de surprise, Bob Moses propose une stratégie qui consiste à démarrer la boucle à des endroits différents de la (les) mesure(s) : Cela peut perdre un peu l’auditeur qui a du mal à se repérer, mais comme il reste avec une figure connue, cela le rassure.

Et pour le musicien, c’est une très bonne façon de développer son écoute intérieure, à savoir être capable de décaler un rythme tout en gardant en soi la fondation, à savoir la mélodie de base.

Le concept de position 8/8

Ce concept est le 3eme point cité précédemment, qui consiste à jouer un point de résolution de la mesure.

Résoudre signifie être capable de démarrer une phrase n’importe ou dans la mesure (ou une mesure prédente) et de la terminer sur un point précis.

Bob Moses explique que pour lui, il existe 8 points de résolution dans une mesure à 4/4 .

Les 8 points de résolution sont les 4 temps et les 4 contre-temps.

On apprend en général dans notre pays que le temps 1 est le temps le plus important.
Bob Moses pense que nous devrions être capable de résoudre de la même manière sur chacun des 8 points.

Pour arrive à faire cela, ce n’est pas un processus intellectuel : il faut arriver à devenir familier avec la sensation éprouvée avec chacun de ces points. Car ils apportent tous les 8 un feeling différent : il existe autant de différence entre le 4 et le « e » du 4 qu’entre la couleur bleue et la couleur verte !

Cela ramène au paragraphe ci-dessus concernant notre attitude de musicien : chaque note de résolution doit être choisie et jouée pour une raison précise. Si je choisis le « e » du 4, je le joue car cela apporte une sensation que je connais et que je veux faire sentir.

Nous avons déjà expliqué qu’en communication, la règle de base est de choisir le sujet dont on veut parler et de ne pas passer d’un sujet à un autre à chaque nouvelle phrase.
Par contre, suivant les jours, je pourrais en parler de manière sérieuse, amusante, légère, …. mais les gens entendront toujours parler du même sujet.

C’est pour cela qu’avec les points de résolution, on évite de passer de l’un à l’autre sans arrêt : ils apportent chacun des sensations différentes. Je ne suis pas obligé de choisir chaque jour les mêmes pour le même morceau, mais une fois le choix fait, je m’y tiens (je peux bien sur aussi choisir des combinaisons, …)

Pour faciliter l’apprentissage, voici une aide : même s’il y a 8 points dans une mesure, il y a en pratique seulement 4 sensations vraiment différentes.
Ainsi bien qu’il y ait une différence entre le 1 et le 3, la sensation est très proche.

Les points 1 et 3

Ce sont des ancres. Ces points ont tendance à arrêter le mouvement, comme si on enfonçait un pieu dans le sol : on a la sensation d’être arrivé à la fin et pour cette raison, ce sont les points que j’utilise le moins comme points de résolution. Ce sont pourtant ceux que tout le monde semble utiliser.

Les points 2 et 4

Ce sont des points de résolution très valables : c’est là que réside le « swing ». Ce sont les points qu’on tape dans ses mains ou qu’on claque avec ses doigts pour swinguer. Résoudre sur ces points est très efficace.

Les points  « e »  du 1 et « e » du 3

Pour moi, je ressens là un bon coup de coude dans les côtes ! C’est un mouvement brusque qui vous réveille. Ils me font penser à une contraction, créant un mouvement.
Ils sont très efficaces car ils ont tendance à propulser la musique.

Les points  « e » du 2 et « e » du 4

Ce sont les opposés des deux précédents : ils donnent une impression d’expansion, ils s’étendent et se penchent en avant.

 

La musique en couleur

Voici l’image que je me fais de cette approche

et avec la notation O Passo, que j’aime bien, cela peut donner

 


APPLICATION et APPRENTISSAGE

Ce qui suit n’est pas tiré de la méthode de Bob Moses, qui propose uniquement de traiter des points comme des points de résolution, c’est à dire de conclusion d’une phrase.

Je vous montre ci-dessous, avant d’en arriver là, ce que Jean Marie m’a expliqué : comment connaitre parfaitement ces points, comment en devenir familier.

Il propose dans la video que vosu avez vu au ndébut de l’article comment jouer simplement une note sur le point choisi.
Il joue donc une note par mesure, par exemple sur une gamme, à chaque fois sur le point qu’il explore.

Illustration

variante 1

Je joue la gamme de DO Majeur en ronde
Je mets mon métronome à 140 à la noire. Ou plutôt 70 à la blanche et en le faisant battre sur les temps 2 et 4.
Et je choisis le point de résolution que je veux, par exemple je joue mes notes sur le « e » du 2.

Je parcours les 8 points de résolution dans mes investigations (pas tous le même jour !!)

variante 2

Au même tempo que précédemment, je vais panacher les points de résolution.
Par exemple je joue 2 mesures sur le temps 1, puis 2 mesures sur le temps 2, puis je reviens au temps 1  etc…

variante 3

C’est une variante qui garde le point de résolution mais dans laquelle je change les notes jouées.
Je peux faire par exemple le même exercice que la première variante mais sur un autre mode de Do.
C’est  un très bon exercice pour maîtriser les modes !!

 

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