Mais la musique ce n’est pas du travail !!
1000 excuses, bien sur, c’est vrai. Mais je n’ai pas trouvé d’autre titre pour cet article !
Chacun sa méthode bien sur !
Ce qui est certain c’est qu’il faut avoir une méthode d’apprentissage car jouer souvent, tous les jours même ne suffit pas pour progresser.
Vous n’êtes pas persuadé ?
Pourquoi une méthode d’apprentissage est-elle nécessaire ?
Je vous propose un simple exemple qui n’a pas pour objet de vous persuader, mais plutôt de vous amener à réfléchir au sujet.
Je suis certain que, comme moi, vous tapez souvent sur le clavier de votre ordinateur, tous les jours peut être.
Tapez vous pour autant aussi vite qu’un dactylo ? surement pas 😉
Car il ne suffit pas de pratiquer tous les jours pour devenir un expert.
Et pourtant vous pourriez multiplier par 2 ou 3 votre vitesse de frappe juste en apprenant à taper. Et cela vous prendrait juste quelques semaines avec quelques minutes chaque jour (*).
Tout le monde pourrait le faire.
Et surtout vu le temps passé sur nos claviers, le temps « perdu » à apprendre est facilement rentabilisé.
Alors pourquoi peu de gens s’y mettent ils? C’est ce qu’on appelle le facteur de criticité
On se contente en effet de ce qu’on a : j’arrive à taper, cela me suffit et il n’est donc pas critique pour moi d’apprendre à le faire plus vite.
=> aucune motivation pour la phase d’apprentissage
Donc la question est : y a t-il pour vous facteur de criticité ?
En d’autres terme, êtes vous prêt(e) à passer du temps pour progresser ?
Ou bien ce que vous faites actuellement vous suffit-il ?
(*) Pour ma part j’ai fait les exercices sur ce site gratuit
Méthode pour l’analyse
Pour les lecteurs anciens, peut être vous rappelez vous avoir déjà lu les 5 étapes que je vous proposais pour analyser un nouveau morceau.
Ces 5 étapes sont
- écouter
- contexte rythmique
- structure
- mélodie
- harmonie
Vous pouvez (re) lire l’article en CLIQUANT ICI
Vous comprendrez facilement je pense que pour jouer un nouveau morceau, je pratique quelque chose d’assez proche.
Je commence toujours par les 5 phases de l’analyse MEME si je n’ai pas la partition et que j’apprends d’oreille.
Dans ce cas, j’insiste sur la phase « écouter » qui doit me permettre de faire les 4 autres étapes d’oreille.
En tout cas j’arrive à réaliser à peu près les 4 premières étapes avec l’oreille.
Mais pour moi la 5eme étape concernant l’harmonie reste très difficile sans la partition… je dois m’entraîner !
Méthode pour jouer
Allons y donc et comme promis dans le titre de l’article, je vais illustrer sur le nouveau morceau que je joue en ce moment « So Danço Samba »
Je mets en fin d’article les éléments d’analyse du morceau pour attaquer tout de suite la partie « jouer »
Le rythme
Pour jouer je mets toujours un fond sonore avec un logiciel.
Celui que j’utilise maintenant le plus souvent, car il est bien pratique, est IReal Pro, dont je vous ai déjà parlé.
Nous sommes ici sur un rythme de Bossa Nova assez rapide et ce morceau est donc souvent joué en battant à la blanche (C barré)
Au début cependant (et ceci est toujours vrai pour moi) je bats à la noire pour bien sentir la pulsation qui fait « avancer ». Ce n’est que lorsque j’aurai progressé sur le morceau que je commencerai à le battre à la blanche, en ayant toujours en moi le moteur rythmique à la noire !!
Jouer la ligne de basse
C’est le premier exercice que je vais faire : exprimer le temps avec la basse.
Je vais donc jouer une ligne de basse, ce qui me permettra aussi de mémoriser la grille avec la « mélodie grave »
Choix du rythme : je joue d’abord simplement en blanche, puis en noire, puis ensuite sur des rythmes qui expriment la bossa nova, par exemple pour une mesure à 4 temps on peut commencer par le rythme ♩.♪ ♩.♪
puis se rapprocher du rythme de la bossa (voir en fin de l’article la base rythmique de la bossa)
Choix des notes :
- je commence par le plus simple : les fondamentales (en blanche !)
Mais attention, il ne s’agit pas de jouer de simples blanches … mais bien de les investir pour « sentir » le temps - puis je joue [Fondamental / quinte] :
une seule fois par mesure si je joue seulement des blanches, deux fois par mesures si je joue des noires - puis en noires [Fondamental/quinte – Fondamental tierce]
C’est ce que j’expliquais dans un précédent article « s’imprégner de la grille au violon » (lire la 2eme partie de l’article) - etc …
- ensuite je peux essayer de construire une ligne de basse …
mais ce n’est pas l’objectif ici : je cherche juste à apprendre la grille et les enchainements d’accords pour bien les entendre ensuite lorsque je jouerai le thème ou une impro.
Je fais tout cela pour la partie A du morceau (les 8 premières mesures) , puis pour le B, puis j’enchaine AABA
Ma vocation à ce moment est d’être l’instrument qui accompagne, qui donne le rythme. C’est donc gagné lorsque je sens que « ça tourne ». C’est rarement du premier coup 😉
Je ressens cette sensation de manière plus forte lorsqu’on joue à deux (l’un la basse, l’autre la mélodie) car il se passe une alchimie entre les deux musiciens dès qu’on est bien ensemble … Ca commence à swinguer !
Jouer la mélodie
Passons donc à la mélodie … c’est ce qu’on aime non ?
Je cherche à jouer cette mélodie en conservant le plus possible dans mon jeu d’archet la même sensation que lorsque je jouais la ligne de basse : sensation profonde d’être ancré, et pas « posé » pas dessus.
Petit truc pour bien sentir les syncopes ♪ ♩♪ dans le morceau : il faut arriver à sentir le temps qui n’est pas joué!
Pour cela, dans un premier temps, je ne joue pas une noire, mais deux croches (de la même note).
Exemple sur [si – la – sol ] je vais jouer [si – la – la – sol ].
Je le fais d’abord en chantant et au lieu de chanter : [si – la – – sol] , je chante [si – la – a – sol]
et ensuite lorsque je joue, j’essaie d’avoir la même sensation avec mon archet.
Un secret que je ne fais pas assez systématiquement, mais j’en suis conscient et je me soigne :
Il est indispensable de bien poser la dernière note de chaque phrase, de l’investir : posé et relâché.
Laisser « résonner » le silence qui suit la finale.
Au fait pour ces 2 premiers exercices, je trouve très efficace le fait de tout faire en chantant avant de prendre mon violon.
Essayez, c’est très efficace !
Pratique improvisée
Oui, oui, on y a arrive ! Voilà les quelques étapes que je suis :
- improviser autour d’une note choisie, que je vais faire résonner par rapport à la fondamentale de l’accord
- improviser avec la technique des « Inner lines » ou « lignes intérieures »
je choisis une note comme précédemement.
si elle fait partie de l’accord, je la garde pour la jouer
si elle ne fait pas partie de l’accord, je prend la note de l’accord la plus proche d’elle.
exemple sur la première ligne de « SO Danço Sama »
Les accords sont C7M, F7 , D7
Si je veux tourner autour de La je vais jouer
– Sol sur C7M
– La que A7+5
– LA sur D7
etc …
- alterner : 4 mesures impro, 4 mesures jouer la mélodie
ou bien 4 mesures impro, 4 mesures ligne de basse
Mon erreur à ne pas reproduire
La plus grosse erreur que j’ai faite pendant longtemps était de vouloir suivre systématiquement les accords de la grille en improvisant.
J’en entend beaucoup qui vont dire : mais on est obligé !
Oui … et non !
Car en fait, vous savez qu’on peut harmoniser un morceau de différentes manières.
Pour commencer à être libre dans mon impro, si je mets trop de contraintes (comme par exemple suivre les accords de chaque mesure) alors je n’y arrive pas.
Du coup, je n’arrive pas à « construire » et même si je joue des notes correctes, ce que je joue n’a pas de sens.
Donc ce que je fais : je repère juste le endroits ou il y peut y avoir modulation – et bien sûr j’en tiens compte.
Mais c’est tout : je rajouterai les aspects harmoniques par la suite lorsque je possèderai bien le morceau rythmiquement et que je souhaiterai faire sonner des notes particulières. Mais c’est bien une phase ultérieure.
Car pour qu’un morceau tourne, le plus important me semble être, dans l’ordre :
- la base rythmique
- la sensation horizontale avec mélodie : on peut juste broder autour pour commencer à improviser
- la sensation verticale avec l’harmonie
Analyse du morceau
- écouter
Et bien ça à chacun de le faire, en donnant priorité bien sûr aux versions originales comme celle ci-dessous
- contexte rythmique
On est dans les années 1950 et le rythme de la bossa apporte du nouveau, issu du mélange de la Samba et du jazz.
Il faut bien entendre ce rythme On le distingue très bien dans ce fichier mp3 que vous pourrez utiliser comme backing track
- structure
On a une simple structure de type AABA avec chaque partie en 8 mesures - mélodie
On est dans une tonalité de Do Majeur dans le A, et dans le B on passe en FA M au début pour revenir.
Ce que je remarque dans la mélodie est
– la répétition du même motif dans les 2 premières mesures, mais le motif se décale
– ce même motif est repris dans la reprise du A à la fin, mais légèrement modifié .. et pas décalé !
– dans la A, tout est construit sur des phrases de 4 mesures, la 4ème étant une mesure de respiration qui laisse sonner …
– le B est tout en syncope.
- harmonie
Pas grand chose à dire puisqu’on a une descente de quinte (A7 – D7 – G7 – CM) avec juste après le D7 un accord intercale, Dm7, qui est le 2eme degre de CM
Et même si on joue d’oreille, voilà la partition pour ceux qui veulent !
Mots clés utilisés pour trouver cet article :https://improviser-au-violon fr/travailler-un-morceau-de-jazz-au-violon/,violon pour jazzJe veux recevoir les prochains articles du BLOG "improviser-au-violon" Je recevrai en cadeau le e-book "démarrer l'improvisation au violon"