La methode IFR – Improvise For Real

IFR logo - pour vraiment improviserImprovise for real – IFR

« Understand the music you hear, play the music you imagine »

Méthode développée par David Reed.

La présentation de la méthode IFR étant assez longue, je l’ai séparée en deux parties.
Voici la première.

Préambule

Il est délicat de nommer « méthodes » des ouvrage ou des DVD qui sont parfois juste de simples recueils.
Avec IFR, on peut vraiment utiliser sans hésitation ce terme de méthode.
L’auteur américain David Reed nous propose en effet une manière différente d’aborder la musique, allant même jusqu’à nous inciter à ne plus utiliser le nom des notes.

Son slogan ambitieux est d’ailleurs évocateur :
« Comprenez la musique que vous écoutez, jouez la musique que vous imaginez »

Il annonce que sa méthode peut être utilisée par des musiciens de tous niveaux, même si certains exercices notés « avancés » sont réservés aux instrumentistes maitrisant bien leur instrument.

Lorsque vous ouvrez la table des matières, vous découvrez pas moins de 44 chapitres qui ne sont malheureusement pas hiérarchisés.
Je vais tenter ici de les regrouper pour faciliter la compréhension.

Les principes

L’auteur nous explique en premier lieu pourquoi selon lui la manière dont la théorie musicale enseignée dans notre monde occidental est inadaptée et complexifie inutilement l’apprentissage :

Dans la théorie classique, les notes n’ont pas toute la même importance, et leur nom peut prêter à confusion. Par exemple le nom de la note DO# pourrait faire croire que cette note a un rôle en lien avec le DO. Or elle a autant d’importance que le DO et ne lui est pas assujettie…. pourquoi dès lors l’appeler ainsi?

Il argumente en expliquant que notre oreille est « relative » : l’important dans une mélodie est l’écart entre les notes et non pas leur valeur absolue. C’est la raison pour laquelle on peut facilement transposer un morceau.

Le nom des notes à l’américaine (C D E F G A B) n’a selon lui qu’une vertu : celle de nous aider pour comprendre la gamme de DO majeur puisque seule ces lettres sont utilisées dans cette gamme. Cela devient ensuite compliqué dans les autres tonalités, puisqu’on utilise des altérations, alors que les gammes sont toutes équivalentes ! la lecture d’une gamme en La Majeur est donc arbitrairement plus compliquée que celle en Do Majeur.

Il nous invite donc à « oublier » le nom des notes et à les nommer par un numéro qui, sur la gamme, va par exemple de 1 à 12. Par exemple  sur la gamme de DO chromatique : do, do#, ré, ré#, mi, fa, fa#, sol, sol#, la, la#, si

Le 1 ne commence pas forcement sur le do, n’importe quelle note peut faire l’affaire…. ce qui simplifie considérablement la notation.

En second lieu, tout le propos de l’auteur est de nous montrer que notre enseignement de la musique improvisée tend à nous guider pour nous aider à savoir « quelle note je dois jouer sur tel accord ». Cette manière de faire bride la créativité et forme des musiciens plus techniciens que créateurs…. et cela uniformise.

Son objectif à lui est de nous permettre de développer et écouter notre « musicien intérieur » pour jouer notre propre musique, c’est à dire savoir répondre à la question : « quel est ce son que j’ai envie de jouer à ce moment, et ou puis je le trouver sur mon instrument ?»

Pour cela il nous propose d’apprendre

  • à créer une « carte mentale tonale» de la musique que nous écoutons ou imaginons, et savoir ainsi repérer où se situe sur cette carte chaque son entendu ou imaginé

  • savoir appliquer cette carte sur notre instrument, pour jouer instantanément la note repérée

La méthode propose pour cela 5 types d’exercices – seuls les exercices 1 et 2 sont présentés dans cet article

EXERCICE 1 : exploration

Il s’agit de (re)découvrir notre instrument à partir de notes simples contigües (c’est à dire séparées par des demi-tons uniquement) jouées en développant une écoute attentive focalisée sur le moment présent et le son produit.

L’auteur nous propose ainsi d’explorer par demi-ton notre instrument (ce que les classiques pourraient nommer la gamme chromatique).

Il nous suggère un exercice de méditation quotidienne, en nous appelant à le réaliser avec n’importe quelle note de départ – car toutes les notes sont équivalentes – afin d’explorer de la même manière tous les endroits de notre instrument.

Pour cet exercice 1, l’auteur qui est guitariste propose un chapitre spécifique pour la guitare, la basse et la guitare électrique. Ces exercices ont pour objet de développer les sensations corporelles liées à la position des doigts sur les frets (avec démanchés, changement de corde, etc …)

La clé magique
L’auteur explique que la gamme majeure est à l’origine de toutes les musiques occidentales.

Il propose de la travailler en démarrant par n’importe quelle note de notre instrument, en se focalisant uniquement sur les écarts entre les notes. Il note cette gamme

[ 1.2.34.5.6.71 ]

Dans cette notation, les chiffres contigus (ici 3 et 4, 7 et 1) sont séparés par des demi-tons, les chiffres séparés par un point sont séparés par des tons.

EXERCICE 2 : la mélodie

La pratique quotidienne d’un musicien classique et d’un improvisateur doit être totalement différente, car ils ne cherchent pas à développer les mêmes compétences.
Ce chapitre propose aux apprentis improvisateurs des exercices à pratiquer pour explorer le monde des sons et découvrir la beauté de l’harmonie « de l’intérieur ». L’auteur appelle ces exercices les 7 mondes (en référence aux 7 modes)

Les exercices des 7 mondes

  • Jouer la carte = jouer la gamme majeure en commençant indifféremment par n’importe lequel de ses degrés(ce qui fait parcourir ce que les classiques appellent les 7 différents modes). L’intérêt est de s’imprégner des sensations procurées par chaque note. S’arrêter sur les notes qui nous interpellent, tourner autour, et continuer

  • Chanter la carte = Faire ce même exercice sans instrument, en chantant (toujours choisir un rythme pour pratiquer en groovant).

  • Cultiver son imagination musicale :
    .
    Écouter librement de la musique qu’on aime et mémoriser (sans les anayser) les sons qui produisent chez moi des sensations

. Chanter librement sur la musique que vous entendez, cela permet de percevoir (sans les analyser!) les notes utilisées par le compositeur

  • Suivre sa voix =chanter et jouer en même temps pour réconcilier l’imagination (la voix) avec la technique (l’instrument) : pour cela l’instrument doit suivre la voix…et pas l’inverse

EXERCICE 2 : (avancé)

  • Suivre la mélodie = l’exercice consiste à reconnaître, dans une musique que vous écoutez, la fondamentale et les notes utilisées. Il ne s’agit pas de relever toutes les notes de la mélodie, mais de reconnaître à partir de quelles notes elle est construite.
    Cet exercice à l’avantage de pouvoir être pratiqué partout ou nous entendons de la musique et permet de comprendre comment la musique fonctionne.

  • Niveau master
    Il s’agit de mettre en œuvre les exercices précédents dans un contexte musical réel, en groupe, ou sur une musique que vous entendez.
    Cet exercice a pour ambition de nous permettre de nous repérer dans n’importe quel contexte musical pour être capable de jouer avec d’autres musiciens.
    La manière d’aborder la musique ici est radicalement différente de celle qui consiste à vouloir connaître la tonalité et les accords du morceau joué.
    Il s’agit, comme dans « suivre la mélodie », de repérer les notes jouées et de construire ainsi la carte tonale.

Se repérer dans la matrice

L’auteur nous propose de nombreuses musiques, populaires, jazz, afro …. écrites uniquement à partir de sa notation de 1 à 7 pour nous habituer à jouer sans faire attention au nom des notes, et surtout, en partant de n’importe quelle note ! L’exercice a ainsi pour principal intérêt de jouer dans toutes les tonalités sans utiliser de notation compliquée avec les altérations # et b, et pourtant de se repérer dans ce qu’il appelle la carte tonale.

L’harmonie en 7 environnements

Comme pour les notes l’auteur a développé une notation simple pour repérer les accords uniquement d’après leur couleur, sans chercher à les noter.

Il suffit donc de savoir repérer les 7 accords fondamentaux de notre harmonie occidentale, qu’il note de 1 à ….7.

Sachant qu’un accord à 4 sons est construit en empilant des tierces, il bâtit les 7 accords fondamentaux en choisissant comme note basse de chacun de ses 7 accords la fondamentale de la gamme de chaque mode.
NDLR : Cette méthode ressemble à celle utilisée par un musicien qui analyse un morceau avec le chiffrage des accords

Il incite ensuite à ne pas considérer un accord comme une superposition de notes, mais comme un environnement dans lequel la mélodie prend place.

L’auteur nous explique également l’intérêt de pratiquer les exercices au piano, car cet instrument est très visuel.

Mon avis

Dans cette méthode, David Reed aborde l’un des problèmes majeur rencontré par les musiciens : la difficulté de la théorie qui pousse à intellectualiser la musique, et fait oublier le sens premier qui est d’exprimer des émotions.
Les exercices proposés sont clairement expliqués, ainsi que l’objectif poursuivi.
C’est une vraie méthode, ce n’est donc pas un livre à lire rapidement : la pratique prendra des mois voire des années !
Cette approche originale ne me fera pas remplacer tout ce que j’ai acquis de manière traditionnelle, mais apporte un supplément qui me permet de relativiser ce qui peut paraitre parfois bien complexe.

Inconvénient : tout est en anglais, et même si le langage utilisé est simple cela peut rester un obstacle !!

En savoir plus

La méthode peut être achetée facilement sur internet:
https://www.amazon.com/Improvise-Real-Complete-Method-Instruments/dp/0984686363

Vous pouvez également écouter des extraits (en anglais bien sûr) par exemple ici  :
https://www.youtube.com/user/ImproviseForReal

Mots clés utilisés pour trouver cet article :apprendre la musique oreille intellectualiser

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